mercredi 26 février 2014

TRAINSPOTTING (critique)



«J'ai choisi de ne pas choisir la vie, j'ai choisi autre chose. Les raisons ? Y'a pas de raisons. On a pas besoin de raisons quand on a l'héroïne.»
Oui oui, c'est bien ce que vous croyez voir...
Trainspotting est ce que l'on pourrait appeler, selon les préférences, un inclassable ou un drame social psychédélique à résonances tragi-comiques. 
Il a été réalisé par le dérangé Danny Boyle (Slumdog millionnaire, 127 heures) en 1996.

SYNOPSIS

Mark Renton (Ewan McGregor) est un toxicomane Édimbourgeois. Bien qu'étant un anti-héros, il vit pourtant pour l'héro et par l'héro. Plusieurs fois il essaie de reprendre sa vie en main. Mais pour lui, cela n'a pas de sens, il rejette la société de consommation, et pisse sur les petites vies rangées. Il fréquente une belle bande de bras cassés (troués pour être plus précis), et le seul non-junkie de la bande est un alcoolique particulièrement belliqueux . De fil en aiguille (haha), il se retrouve impliqué dans de nombreux mauvais plans, et essaie de prendre ses distances avec ses marginaux de potes...






CRITIQUE

Trash et sans compromis

Autant le dire tout de suite, le film ne fait pas dans le bien-pensant aseptisé.
Du cul, du sang, et des excréments...surtout des excréments en fait !
Une scène particulièrement parlante à ce niveau est la plongée de Mark Renton dans des toilettes particulièrement insalubre, à la recherche de deux suppositoires à l'opium qu'il venait d'expulser. Il est conseillé de regarder ce film le ventre vide !


La drogue: un bien pour beaucoup de mal

Danny Boyle à choisi de ne pas diaboliser l'héroïne à la manière de Requiem for a dream.
Il en propose une vision originale, ne dissimulant pas les plaisirs intenses qu'elle procure à la bande d'héroïnomane.
Pourtant, il n'en fait pas pour autant l'apologie. Certaines scènes sont là pour nous le rappeler tout le long du film, montrant la culpabilité (après une négligence extrême due à la perte de la notion de réalité), le sida, le manque: les conséquences de l'addiction sont montrées de façon crue et très perturbante.
Pour conclure, je dirai que malgré une apparente légèreté et beaucoup d'humour, le film est sombre et pessimiste.


Jeu d'acteur et BO au top...

L'interprétation du personnage de Renton par l'acteur de Big Fish est mémorable ! Ewan McGregor est très convainquant en toxicomane anticonformiste.
Robert Carlyle est impressionnant dans le rôle de Begbie, le psychopathe de la bande.
La bande originale n'est pas en reste, et eut au moins autant de succès que le film lui-même ! Rythmée et minimaliste.




...Malgré quelques faiblesses

Malgré ses grandes qualités, certaines lacunes gâchent légèrement le plaisir. Citons tout d'abord l'inégale qualité des scènes: certaines sont réellement étonnantes (la baston dans le bar, la chasse aux passants dans le parc), d'autres ont un intérêt assez limité (la cure de désintoxication, la relation avec la lycéenne (Kelly Macdonald) qui, malgré un début jouissif, s'essouffle vite...)


Similarités et différences avec d'autres œuvres

En premier lieu, avec Requiem for a dream, pour le thème et la performance d'acteur ! Bien que la comparaison s'arrête là, les deux réalisateurs ayant choisis deux voies très différentes pour traiter le sujet.
A mon avis, il se rapproche bien plus du film culte Les affranchis de Scorsese:
Un héro en marge de la société, rejetant le schéma classique de l'existence, ayant des parents traditionalistes et une insatiable envie de liberté. Il tombe jeune dans la délinquance et fréquente un ami fou et violent dont ils doit assumer les actes (Begbie et Tommy DeVito ont beaucoup en commun). Au niveau des techniques scénaristiques, des gros plans maîtrises, un narrateur commentant des arrêts sur image, et maints éléments encore. Tous deux excellents, bien que ne se ressemblant pas sur la forme.



CONCLUSION

Parler de ce prodige n'est pas simple. Sa richesse est telle qu'il plaira autant au spectateur grivois qui appréciera l'absence de concession , au rêveur qui y trouvera un film existentielle et initiatique unique, qu'à l'amateur de cinéma qui ne restera pas insensible à son indéniable aura.   

4/5

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