mardi 18 février 2014

JEUNE ET JOLIE (Critique)



« A pute d’un jour, pute toujours ! » (un client plein d’esprit)



Synopsis

Jeune et jolie est la dernière réalisation de François Ozon.
La caméra suit le destin tragique d’une adolescente parisienne de 17 ans, Isabelle (interprétée par la charmante Marine Vacth) qui choisira la voie de l’escorting pour s’affirmer en tant que femme.


Critique

Ce long-métrage a d’indéniables atouts. De prime abord, il convient de saluer la performance de la jeune actrice, qui fascine, captive, et remplit de compassion son public. Ensuite, le travail sur les lumières et les plans de caméra est de très bonne facture, et rend la scène la plus anodine digne d’intérêt.
la mise en scène est crue par moment, mais ne tombe jamais dans le piège de la vulgarité ou du voyeurisme. Les scènes dans lesquelles Isabelle exerce ses « talents » sont surtout axées sur les expressions de la jeune fille, et sur les émotions qui la traversent.
Pourtant, ce film qui avait toutes les cartes en main pour rester dans les mémoires, souffre de graves lacunes qui enlèvent beaucoup à l’intérêt de l’œuvre !



Le film se déroule en l’espace d’un an, divisé en quatre saisons-chapitres. Les premières minutes du film se passent en été, lors de vacances familiales, pendant lesquelles la principale intrigue est la défloration de la jeune femme.
Et se situe ici, pour moi, l’irréparable : un temps infime plus tard, voici l’automne et notre tendre Isabelle qui effectue ses premières prestations rémunérées sans autres préliminaires! (et j’entends par là un événement perturbateur qui la pousserait vers cette voie, une mauvaise rencontre, suivie d'une dramatique descente aux enfers de l’héroïne)
Autant, le choix de ne pas donner explicitement les raisons de la jeune fille aurait pu être intéressant, par une ellipse temporelle nous laissant spéculer sur les raisons de ce choix. Autant ici, l’hypothèse d’un tel événement est tout simplement inimaginable, le film se contentant de nous laisser penser que l’adolescente a commencé cette activité sans raison.
S’en suit un hiver peu convaincant,  mais dont je ne parlerai pas ici pour éviter le spoil, et un printemps pour le moins énigmatique.
J’aurai trouvé bien plus pertinent de centrer le film sur la «catabase » d'Isabelle, plutôt que sur la période post-escorting, qui n’a apparemment pas laissé assez de séquelles psychologiques sur la jeune et jolie pour que ce soit intéressant ! Nous n'avons pas l’impression d’assister à sa reconstruction mentale , mais juste de suivre sa (très rapide) réinsertion dans le monde réel.

Conclusion

Ce film, duquel j’attendais beaucoup, se regarde sans ennui aucun. Mais il déçoit, il pêche par sa mauvaise construction, et par le traitement bien trop superficiel qu’il fait de ce thème pourtant passionnant.
Un film à la forme irréprochable, mais au fond inexistant.   

   2,5/5




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